CLASSIC ACADEMY : NADIA ETTINGER (violon, Conservatoire de Liège, 17 ans)

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’étudier la musique ?

J’ai commencé à m’y intéresser à l’âge de 3 ans. C’était une idée de mes parents qui m’ont offert un piano Lego d’une octave. J’adorais y jouer les mélodies que j’entendais à la radio ou les chansons pour enfants. Mes parents ont tout de suite souhaité que j’apprenne à jouer d’un véritable instrument. Lorsque vous avez 3 ans et que vous habitez à Luxembourg-Ville, la seule possibilité en la matière est de vous inscrire à l’Académie Musicale Vivaldi. Hélas, seul le violon était proposé comme instrument pour les enfants de mon âge. Heureusement, j’ai eu la chance d’avoir un professeur très gentil qui m’a initié à cet instrument et m’a donné envie de le pratiquer.

Vous donnez des concerts depuis l’âge de 12 ans. Dans quelles circonstances ?

J’ai eu la chance de jouer pour la première fois en soliste avec un orchestre grâce à l’association luxembourgeoise « Artistes en herbe » qui se propose de promouvoir des enfants talentueux dans les domaines de la musique et des arts en général. J’avais 12 ans. J’ai interprété le 1er mouvement du 3e Concerto pour violon de Saint-Saëns. Jouer avec une phalange symphonique est une aventure incroyable. Je l’ai répétée en 2015 comme « Lauréate du Conservatoire de Luxembourg », après avoir obtenu mon Premier Prix dans la classe de Laurence Koch.

Vous étudiez aussi simultanément avec le père de Laurence, Philippe Koch, au Conservatoire Royal de Musique de Liège. Vous initie-t-il à la grande tradition de l’École liégeoise du violon ?

Philippe Koch ne parle pas vraiment de cette tradition. En revanche, il évoque parfois des souvenirs familiaux liés à la lignée des Koch. Je joue d’ailleurs sur un violon du facteur Paul Kaul qui appartenait à Henri Koch, grand-père de Philippe et premier concertmeister de l’OPRL. La famille me l’a prêté depuis l’âge de douze ans.

Quel est votre plus grand souvenir musical ?

Comme beaucoup d’étudiant(e)s, j’ai pu jouer aux côtés des musiciens de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg. Nous avons interprété Carmina Burana à la Philharmonie de Paris. C’est une expérience très enrichissante car il y a un brassage de générations qui nous permet d’apprendre beaucoup des « anciens ».

Êtes-vous tentée par une carrière soliste ?

Une carrière soliste me semble très stressante et contraignante. Je me verrais plutôt travailler au sein d’un orchestre. Ce qui ne m’empêchera pas de donner des récitals et ou des concerts en soliste de temps en temps. J’aimerais enseigner également, car j’apprécie les enfants. Cela m’apporte beaucoup d’expliquer et de transmettre mes idées.

Quels artistes vous ont marquée ?

La violoniste que j’adore le plus, c’est Janine Jansens. Elle m’inspire beaucoup.  Son interprétation du Concerto de Sibelius m’a particulièrement touchée à la Philharmonie de Luxembourg. Sergueï Khatchatrian est lui aussi très inspirant. J’aime aussi le chef d’orchestre Enrico Gatti avec lequel j’ai eu la chance de travailler à Bozar. Il était très chaleureux et sa manière de sentir et de vivre la musique m’a impressionnée.

Quel est le répertoire qui vous convient le mieux ?

J’adore les grands concertos romantiques de Beethoven, Brahms, Bruch, Tchaïkovski. La musique contemporaine me correspond moins.

Quelques compositeurs fétiches ?

Principalement Tchaïkovski, Grieg, Mendelssohn et Bach.

Des interprètes non classiques que vous aimez ?

J’aime écouter à la radio et sur YouTube des artistes comme Ed Sheeran et Pentatonix (de la pop américaine a cappella). Quand j’ai envie de déconnecter, je n’écoute pas de musique classique. Celle-ci demande trop de concentration.

Êtes-vous sportive ?

Je me suis intéressée au tennis de table, mais j’ai arrêté faute de temps. Sinon, je pratique la natation.

Comment occupez-vous votre temps libre ?

J’aime me promener dans la nature ou passer du temps dans mon grand jardin. Je vais souvent au concert ou au cinéma.

Quel type de films allez-vous voir ?

En général, j’apprécie tous les genres cinématographiques mais pas les films violents ou les films d’action. Les comédies me plaisent. Récemment, j’ai beaucoup aimé La La Land.

Pratiquez-vous un autre art ?

J’ai beaucoup dessiné et peint quand j’étais petite. Je représentais des princesses, des paysages, des animaux. Il y a à la maison des boîtes avec plein de dessins que ma mère n’a jamais voulu jeter. Par ailleurs, j’apprécie des artistes comme Van Gogh et Monet. J’aime aussi la peinture ancienne mais je ne connais pas encore les noms des grands maîtres.

Quels pays vous attirent ?

En 2014, j’ai voyagé trois semaines en Chine, un pays qui intéresse mon père depuis très longtemps et qui me fascine aussi. Pour préparer ce séjour, j’ai étudié le chinois pendant deux ans. J’ai de la famille en Russie et nous sommes allés la rencontrer l’été dernier. J’aimerais découvrir l’Angleterre, les États-Unis et la Biélorussie car ma maman est originaire de Minsk. Je souhaiterais découvrir où elle a habité durant son enfance.

Une cause qui vous tient à cœur ?

J’aimerais pouvoir lutter contre le changement climatique. Je suis très sensible aussi au sort des réfugiés. Ce sont des hommes et des femmes comme nous, exposés à des voyages à risque. Leur sort est souvent désespéré.

Qu’est-ce que cela représente pour vous de jouer dans le cadre de la Classic Academy ?

Au départ, je n’arrivais pas à y croire, c’était une telle surprise. Je suis du coup très motivée et j’essayerai de faire de mon mieux et d’envisager l’expérience d’abord comme un concert.
 

Comment s’est effectué le choix de l’œuvre à votre programme ?

J’ai suivi les conseils de mon professeur. Initialement, je voulais interpréter le 3e mouvement du Concerto en sol de Bruch, mais le choix paraissait un peu abrupt. Comme la musique de Saint-Saëns me va très bien, j’ai choisi l’Introduction et Rondo capriccioso. J’aime le côté joueur et le peps de cette musique qui offre des facettes très sensibles et des passages chantants. J’aime aussi  côté virtuose. La dernière partie, très rapide, permet de terminer avec panache.

 

Propos recueillis par Stéphane Dado