Rencontre avec Thibault Lavrenov

Lavrenov

Entre deux répétitions, nous avons rencontré le chef du pupitre des violoncelles de l'OPRL, qui propose, le mardi 11 décembre, à 19h, avec trois de ses comparses un récital 100% Beethoven dans le cadre des « Happy Hour ! ».

Comment ce projet « 100% Beethoven » est-il né ?

Après le succès remporté par le Happy Hour ! « 100 % Mozart » (octobre 2017), auquel Jean-Gabriel Raelet, Patrick Heselmans et moi-même avions déjà participé, l’idée d’une formule « 100 % Beethoven » s’est imposée d’elle-même. Nous avons opté pour des œuvres du jeune Beethoven : les Trios à cordes n° 2 et n° 3, et le Quatuor avec piano n° 3, cette fois avec le pianiste Xavier Locus. Mis à part le succès de 100% Mozart, le but ultime d'un projet comme celui-ci est aussi de pouvoir apaiser les esprits agités – je vais parler un peu démodé – particulièrement à une époque où ceux-ci sont pollués et agités par un multitude de choses non-essentielles : les smartphones, les réseaux sociaux, la surconsommation… Pour moi, cette musique (Mozart, Beethoven, et encore bien d'autres…) est une réelle thérapie, du moins si elle est bien interprétée ! (rire).

Du Trio à cordes n° 2 « Sérénade » op. 8, vous ne jouez que des extraits…

L’œuvre entière fait près d’une demi-heure, ce qui était un peu long. Nous avons choisi de commencer avec le quatrième mouvement, un Allegretto alla Polacca, à trois temps, léger et dansant, qui comporte des sortes de petites farces musicales, des suspensions… qui font croire plusieurs fois à une pseudo fin. Vient ensuite un Andante quasi allegretto, sous forme de variations dans lesquelles le thème passe d’un instrument à l’autre, puis une Marche (Allegro) qui est en fait la reprise du tout premier mouvement.

Par comparaison, le Trio à cordes n° 3 op. 9 n° 1 offre un matériau plus riche. Beethoven lui-même déclare à l’époque – il a 28 ans – que les trois Trios op. 9 constituent « la meilleure de ses œuvres »…

Oui, le Trio n° 3 est une pièce très brillante qui fait penser à de l’opéra ou même à de la musique symphonique. Il débute par un Adagio introductif un peu froid, où les instruments sont à l’unisson ; on ne sait pas trop où on va, puis survient un Allegro montrant un souci de recherche d’écriture, une prise de risque accrue, un parcours tonal aventureux. Après un Adagio très paisible, le Scherzo (Allegro) se présente comme une petite danse de transition vers le Presto final, très virtuose, requérant beaucoup d’agilité des musiciens.

Quant au Quatuor pour piano et cordes n° 3, c’est l’œuvre d’un garçon de 15 ans. Alberto Savinio écrit qu’il « donne la désagréable impression d’un adolescent qui veut faire l’adulte »…

Beethoven n’est pas encore à l’aise avec cette formation. Comme chez Mozart, c’est surtout le piano qui est mis à l’honneur. Plus tard, Brahms, Schumann et Dvořák écriront des parties de cordes plus élaborées. Malgré ses maladresses, c’est une œuvre pleine de fraîcheur, de naïveté… Elle n’est pas parfaite au niveau de la forme mais elle est très vivante, avec un côté presque enfantin. Le Rondo final offre un matériel thématique très simple, avec une partie agitée qui fait penser à la Marche turque de Mozart, mais encore plus nerveuse. Il est à noter que certains motifs des mouvements extrêmes seront repris dix ans plus tard dans les Sonates pour piano n° 1 et n° 3.

Propos recueillis par Éric Mairlot

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