[INTERVIEW] Pierre Solot : « L’émotion du grand orchestre, ça vient vous chercher à l’oreille et au cœur. »

Pierre Solot - Music Factory

Pour sa quatrième saison à la présentation des Music Factory, Pierre Solot revient sur les ingrédients qui font le  succès de cette série découverte et évoque le contenu des prochaines séances. 

C’est quoi, l’expérience Music Factory

C’est d’abord un concert, avec un petit trublion qui perturbe le théâtre habituel pour raconter ce qui se passe en coulisses. Ensuite, il y a l’émotion. Ça vient vous chercher à l’oreille et au cœur. Moi, je décrypte ces sensations-là et avant tout, je m’occupe des gens: l’idée, c’est de les accueillir. Il n’y a pas de mur entre l’orchestre et le public. La jonction se fait immédiatement. 

Est-ce qu’on peut dire que ce sont des concerts pour les curieux? 

Oui, déjà parce qu’on propose un thème, mais aussi parce qu’on n’annonce que peu de détails sur la programmation. Il faut être confiant aussi: prendre le risque de ne pas aimer! C’est à nous de trouver le sel musical pour que ce soit un moment fort. Je crois que sans curiosité, on meurt

Est-ce que vous désacralisez le rituel du concert en «changeant de ton»? 

C’est vrai qu’il y a un «ton» Music Factory. Tout simplement parce que cette salle de concert est un théâtre, avec ses pratiques qui encadrent le concert classique: il faut applaudir comme ceci, s’habiller comme cela. Tout ça n’a plus tellement d’importance. Ce n’est pas que ce jeu-là n’est pas chouette, mais si on veut accueillir beaucoup de publics différents, il faut d’abord laisser les règles de côté. On n’est obligé de rien. Je ne me suis jamais fâché sur quelqu’un qui avait envie de partir... mais je n’ai jamais vu quelqu’un partir! (rire) 

Est-ce que l’idée du concert «à thème» participe aussi à ce succès? 

Un thème, ça peut être réjouissant, d’autant plus qu’on va chercher des idées parfois rocambolesques. C’est aussi une porte ouverte: même quand on n’est pas tout à fait sûr de soi, on peut s’engouffrer, choisir un thème qui nous plaît, et finalement, on n’est jamais vraiment déçu. Et ça marche tellement bien que cette grande porte, on va la dédoubler l’année prochaine. Tous ceux qui n’ont pas pu prendre leur place à l’avance pourront se jeter sur le jeudi à 18h30 en cours de saison, avec le même thème, la même joie, le même orchestre bien sûr, et au même endroit. 

Qu’est-ce que l’Orchestre vient faire sur un bateau de pirates pour «À l’abordage!»? 

Les pirates évoquent en nous un imaginaire tellement formidable! On y trouve des tas d’éléments qui ne pouvaient que plaire aux compositeurs, en particulier les romantiques: l’aventure, l’immensité de l’océan… C’est aussi une certaine idée de la transgression: le pirate, il a quelque chose de violent. Il se bat, il prend des trésors, il aborde des bateaux. On ne peut pas être un pirate! En tout cas, ce n’est pas l’idéal (rire). 

Le Music Factory de novembre s’intitule «Censurés!»: de quoi s’agit-il?

Nous allons explorer des musiques qui ont été interdites pour des tas de raisons. Nous aborderons le cas de l’Union soviétique, notamment avec Chostakovitch: des compositeurs ont risqué leur vie et des œuvres ont été mises au ban, parce qu’elles ne correspondaient pas à un certain idéal. Nous évoquerons les musiques de compositeurs juifs, interdites par les nazis. Plus près de nous, on peut aussi questionner la présence des femmes, compositrices ou musiciennes: le combat qui doit être mené à cet égard n’est pas terminé. La musique a cette dimension d’engagement, bien au-delà du divertissement. Et ça, ça m’intéresse!

Peut-on déjà lever un coin du voile sur les concerts suivants: «Le fric, c’est chic» et «Les grands espaces»? 

Il faudrait vraiment être un gros menteur pour dire que l’argent n’intéresse personne. Nous irons nous promener chez les petits pingres de l’histoire de la musique. Quant aux «Grands espaces», c’est le désert, l’océan, la steppe, ce côté vertigineux de l’immensité. L’orchestre symphonique est l’outil idéal pour cela. C’est comme un jeu d’échecs: on a un certain nombre de cases, mais les possibilités sont infinies.
 

Propos recueillis par Séverine Meers

 

Voir l'interview de Pierre Solot en vidéo :


 
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Voici les nouvelles dates des Music Factory :

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