Classic Academy 2023 : L'interview de Maria-Valentina Billeci

Billeci

La Classic Academy est de retour le dimanche 18 juin prochain, dans le cadre de la Fête de la musique. 4 candidats des différents conservatoires de la Belgique francophone vont concourir aux côtés de l'OPRL. Parmi eux, la soprano Maria-Valentina Billeci, étudiante en Master 2 au Conservatoire Royal de Mons (Arts2). Elle interprète des extraits de Shéhérazade de Ravel avec l'OPRL. Nous l’avons rencontrée.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?

Je suis née en Belgique d’une famille issue de l’immigration italienne ; la culture est très largement italienne à la maison. J’ai découvert la musique à l’école vers 7 ans, car l’Académie de Fontaine-L’évêque s’y rendait pour sensibiliser les enfants. Mon parcours à l’Académie s’est très tôt tourné vers le chant choral, et à 11 ans, j’ai commencé le chant avec Cécile Bolle. J’ai ensuite continué à Arts² Mons dans la classe d’Axel Everaert, avec qui j’étudie encore aujourd’hui.

Arts² Mons propose différents types de masters en chant ; après avoir décroché mon master didactique en septembre dernier, je poursuis maintenant avec un master plus général, et m’inscrirai ensuite en master spécialisé. Cela me permet de prendre le temps de laisser mûrir ma voix et de perfectionner mon travail auprès de mon professeur, à qui je suis très attachée : c’est avec lui que j’ai vraiment pu construire toute ma technique. C’est un véritable luthier de la voix !

Très jeune, vous croisez la route d’un répertoire bien précis : l’opérette.

Oui, grâce à mon professeur Cécile Bolle, qui montait régulièrement des projets pour le Palais des Beaux-Arts de Charleroi. C’est là que j’ai eu mon premier petit rôle. Aujourd’hui, je continue avec Axel Everaert, qui a lui aussi une troupe, le Brussels Operette Theater (BOT) : j’y participe presque chaque année, en y interprétant les premiers rôles.

Aujourd’hui, Cécile Bolle se concentre sur le Studio lyrique de Charleroi, qui réunit de jeunes chanteurs belges et étrangers, recrutés sur audition. Je l’ai intégré en février 2022 car j’ai décroché le rôle de Berta dans Le Barbier de Séville, que nous avons joué en mai 2022. Je suis également passée, précédemment, par le Chœur de la MM Academy (La Monnaie) et le chœur de l’Opéra Royal de Liège. L’opérette m’a ouvert ses portes en premier, mais j’ai eu la chance de pouvoir chanter au sein des chœurs pour La Gioconda à La Monnaie et La Sonnambula à Liège.

Plus récemment, j’ai incarné le rôle-titre dans Médée de Cherubini (un projet d’Arts² Mons en mars dernier), et en août prochain, je chanterai le rôle de Michaela (Carmen), en Bretagne, dans le cadre d’un opéra équestre. Dans ce projet seront mêlés des chanteurs qui sont aussi cavaliers (c’est le cas du rôle-titre) et d’autres qui, comme moi, chanteront en avant-scène et auront leur « double », à cheval, à l’arrière-plan.

Comment un jeune chanteur évolue-t-il dans ses choix de répertoires, qui exigent souvent des techniques vocales spécifiques ?

Dans un premier temps, on se doit de toucher à tout. Ensuite, avec le développement de la voix, on tend plus vers l’un ou l’autre style, mais c’est bien souvent la voix elle-même qui nous oriente…

On considère généralement qu’une voix se stabilise à 25 ans, et que l’on peut déjà cerner ses orientations vers l’âge de 23, 24 ans. Avant cela, elle est « en chantier » ! Cela s’est vérifié dans mon cas, et je pense aujourd’hui qu’elle évolue en direction de l’opéra. Cela se fait naturellement… J’aime me dire que cela devait se passer comme ça, car j’en suis pleinement heureuse, je ne choisirais pas une autre direction !

Qu’est-ce qui a déterminé votre choix d’interpréter Shéhérazade de Ravel ?

C’est lié au choix que nous avons fait pour l’épreuve de sélection, en février dernier. J’ai interprété les Trois chansons de Bilitis de Debussy pour l’occasion et nous avons constaté avec mon professeur que ce répertoire me convenait très bien, alors que je n’allais pas auparavant vers ce type de musique… Alors pourquoi pas choisir Ravel pour la finale !

Qu’est-ce que cela représente pour vous de pouvoir vous produire avec un orchestre symphonique professionnel ?

J’ai déjà eu l’occasion de chanter avec un orchestre d’une cinquantaine d’étudiants d’Arts² Mons pour Médée, mais en soliste avec un orchestre symphonique professionnel, ce sera une première. Mon premier sentiment a été une réelle surprise, et ensuite j’ai mesuré la chance que constitue pour moi cette expérience, à ce moment de mon parcours.

En dehors de l’opérette et de l’opéra, quels genres vocaux aimez-vous interpréter ?

J’ai fait beaucoup de mélodie, notamment du Fauré, qui convenait bien à ma voix et que j’apprécie. Je chante des mélodies d’Ernest Chausson dans le cadre de mes cours de musique de chambre, c’est aussi un répertoire magnifique ; tout cela me permet de découvrir la mélodie de manière plus approfondie. J’ai eu aussi l’occasion de chanter des lieder de Brahms, Schumann, Schubert, dans le cadre de concerts que le BOT offre à ses jeunes talents, en parallèle aux productions d’opérettes.

Quels sont vos hobbies ?

J’aime beaucoup voyager et mon métier me le permet, à ma petite échelle. J’aime beaucoup lire et passer du temps avec ma famille, avec qui j’ai une relation très fusionnelle, qu’il s’agisse de mes parents ou de ma sœur de 20 ans. Ils sont toujours derrière moi et cela me touche énormément ; je ne pourrai jamais assez leur dire merci ! Avec eux, nous aimons aussi écouter de la musique italienne et sicilienne, jouer aux cartes italiennes…

Propos recueillis par Séverine Meers

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