Cendrillon : « L’auteur de Pierre et le Loup signe ici une partition puissante et éminemment descriptive. »

Bernard Cogniaux

Dans le cadre de L'orchestre à la portée des enfants, le metteur en scène Bernard Cogniaux livre une relecture de Cendrillon, à la lumière de la sensibilité d’aujourd’hui. À voir le vendredi 7 avril à 18h et 20h à Liège ainsi que le samedi 8 avril à 11h et 14h à Bozar.

 

Tout le monde connaît le conte musical Pierre et le Loup de Prokofiev mais moins nombreux sont ceux qui connaissent son ballet Cendrillon…

Exactement ! Moi-même je ne le connaissais pas avant de recevoir cette proposition de mise en scène des Jeunesses Musicales et de l’OPRL. En réalité, Prokofiev a composé Pierre et le Loup en 1936, peu de temps après le ballet Roméo et Juliette. Et c’est seulement quatre ans plus tard, en 1940, qu’il reçoit du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg la commande d’un nouveau ballet sur Cendrillon, le conte de Perrault. Mais la guerre survient, et c’est en 1943 que Prokofiev reprend son travail sur Cendrillon pour l’achever finalement en 1944. L’œuvre est dédiée à la mémoire de Tchaïkovski, l’auteur de ballets mythiques comme Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant ou Casse-Noisette.

Y aura-t-il pour autant un aspect dansé dans votre spectacle ?

Non car je ne suis pas chorégraphe ! Nous travaillerons de manière classique avec deux comédiens qui seront narrateurs de l’histoire et qui incarneront tour à tour certains personnages. Au début, Fanny Dreiss va raconter une histoire triste, celle de la mort de la mère de Cendrillon, puis de l’arrivée de la marâtre et de ses deux filles. La musique interviendra en contrepoint des mots, elle racontera autre chose, comme le rêve de Cendrillon, son aspiration au bonheur, ou pour décrire le bal. La musique ne sera donc pas une illustration du récit mais en fera totalement partie. En fait, dans la foulée de la création du ballet, en 1945 à Moscou, Prokofiev a retravaillé sa partition pour en tirer trois suites pour grand orchestre. Nous avons choisi la Suite n° 1, puissante et éminemment descriptive, qui reprend assez bien l’intrigue jusqu’aux 12 coups de minuit, lorsque cesse l’enchantement. Mais en réagençant les différents morceaux, nous restituons l’histoire intégrale du conte, jusqu’à son dénouement.

Comment vous partagez-vous le travail avec Amandine Vandenheede ?

Sur de précédents spectacles comme Merlin l’enchanteur, Amandine était mon assistante à la mise en scène. Mais pour ce spectacle-ci, j’ai davantage travaillé à la dramaturgie, c’est-à-dire au découpage de l’histoire, au travail d’écriture, pour en faire un récit construit, tandis qu’Amandine s’est surtout impliquée dans le travail de mise en scène proprement dit.

À qui s’adresse le spectacle ?

Oh, je dirais que les enfants, dès l’âge de cinq ou six ans, seront très attirés par les éléments visuels, mais que les pré-ados y trouveront aussi leur compte par la relecture que nous faisons du conte. La sensibilité d’aujourd’hui est différente et nous introduisons quelques décalages par rapport à l’histoire originelle. Dans le conte de Perrault, le Prince a un tel magnétisme, une telle aura, que toutes les jeunes filles du royaume rêvent de tomber dans ses bras. Ce ne sera plus tout à fait le cas dans le spectacle. De même, à la fin, lorsque le Prince retrouve Cendrillon et lui propose de l’épouser, Cendrillon lui dit : « Pourquoi pas, mais nous allons quand même attendre de faire plus ample connaissance ! Et puis on verra bien si on se plaît. »

Propos recueillis par Éric Mairlot

 

Réserver à Liège (18h ou 20h)

Réserver à Bruxelles (11h et 14h)