Compositeur en résidence

György Kurtág

Après l’Orchestre Philharmonique de Berlin, la Konzerthaus de Vienne ou la Cité de la musique de Paris, l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège aura le privilège exceptionnel d’ouvrir en 2019-2020 une résidence à György Kurtág, chef de file de l’école hongroise et l’un des compositeurs vivants les plus importants au monde.

 

UN CRÉATEUR HORS NORMES

L’OPRL interprétera la musique d’orchestre du maître – des pages rares mais non moins puissantes –, avant d’enregistrer plusieurs inédits en juillet 2020 pour le label ECM. C’est une magnifique opportunité pour Liège et son Orchestre, rendue possible grâce à l’amitié qui unit Gergely Madaras à ce créateur hors normes.

György Kurtág est né en 1926, en Roumanie, à Lugoj, non loin de la frontière yougoslave, dans la minorité hongroise que compte le pays. En raison de la très forte francophilie qui caractérise la culture roumaine de l’époque, il ressent très tôt une attirance pour la culture française. Vers l’âge de 8 ou 9 ans, il apprend le français à l’école. Une langue qu’il manie encore aujourd’hui avec beaucoup d’élégance !

En 1945, accompagné de son ami György Ligeti, autre grande figure de la musique hongroise au XXe siècle, il quitte sa province pour se présenter à l’examen d’admission dans la classe de composition du conservatoire de Budapest. Elle est considérée comme la meilleure école de musique du Sud-Est de l’Europe, dont la tradition et la fondation remontent à Liszt lui-même, en 1875. Kurtág s’enthousiasme à l’idée de forger une musique hongroise moderne dans un pays dévasté par la politique nazie, et semble exalté à l’idée de rencontrer prochainement la grande figure musicale de l’époque, Béla Bartók, supposé rentrer de son exil aux États-Unis pour occuper des fonctions importantes à l’Académie Franz Liszt. Cet espoir est tué dans l’œuf : Bartók meurt d’un cancer à l’âge de 64 ans, le jour de l’admission de Kurtág. Même s’il deviendra une figure marquante de la modernité, celui-ci restera marqué toute sa vie par la musique de ce père spirituel : le langage chromatique et l’écriture modale de Bartók seront l’un des fondements de sa propre musique.

En 1957-1958, une bourse d’études lui permet de passer un an à Paris, où il suit notamment des cours avec Olivier Messiaen et Darius Milhaud. À l’inverse d’un Ligeti, il passe ensuite les décennies suivantes en Hongrie, à Budapest, à enseigner le piano et la musique de chambre à l’Académie Liszt.

Remarqué à 55 ans par Pierre Boulez en 1981, Kurtág devient dans les années 1980 un créateur de renom international, présent dans les plus grands festivals (Salzbourg lui consacre régulièrement de nombreuses séries de concerts) et les plus grandes salles de concert au monde. Kurtág s’est intéressé tout au long de sa vie aux petites formes. C’est un maître de l’ellipse, de la concision, un passionné des microstructures. Il a une préférence pour les petits effectifs, pour la musique de chambre, pour les pièces avec voix où transparaît son goût pour la sémantique, la déclamation du texte, l’intelligibilité des mots, l’efficacité dramatique, toujours dans une certaine recherche de dépouillement. Sa musique orchestrale est presque une exception dans son catalogue. Elle n’en demeure pas moins essentielle et somptueuse, comme l’attestent des pièces emblématiques comme les Messages, les New Messages ou encore la Petite musique solennelle, au programme de l’OPRL cette saison.

LES RENDEZ-VOUS

26 janvier 2020, 16h, Liège, Salle Philharmonique
New Messages op. 34a (création belge)

24 avril 2020, 20h, Liège, Salle Philharmonique
Petite musique solennelle (création belge)

10 mai 2020, Liège, Salle Philharmonique
Messages op. 34 (création belge)