Rencontre avec Ralph Szigeti, altiste

Ralph

Premier soliste et chef du pupitre des altos de l’OPRL, Ralph Szigeti revient sur la genèse du Happy Hour « 100% Schubert », à voir le 21 mars.


Comment ce projet est-il né ?

L’idée de départ revient au comité organisateur des Happy Hour ! et en particulier à Jean-Luc Votano et Virginie Petit. Chaque saison comporte un Happy Hour ! entièrement dédié à un compositeur, les fameux concerts « 100% ». Les concerts de cette saison étant chacun liés à un pays particulier, ils ont eu l’idée d’évoquer l’Autriche par un « 100% Schubert ».

Au fond, on aurait très bien pu choisir Haydn, Mozart ou Beethoven, très liés aussi à Vienne, mais personnellement, je trouve ce choix très judicieux. Traditionnellement, on n’inclut pas Schubert dans ce qu’on appelle la « Première École de Vienne », or c’est à mon sens une grande erreur. Beethoven est mort en 1827 et Schubert en 1828. Pourquoi classer ce dernier dans le début du romantisme plutôt que dans le classicisme, alors qu’il a évolué dans le même contexte culturel que ses collègues directs, à la même époque ?

Par ailleurs, Schubert se prête extrêmement bien au format des Happy Hour !, constitué de pièces brèves ou d’extraits d’œuvres. C’est un maître de l’intime et de la miniature, dont quantité d’œuvres ont été composées pour des soirées conviviales entre amis.

Comment s’articule le programme ?

Il comporte quatre œuvres pour différentes formations : le premier mouvement de la Sonate pour violon et piano n° 4 « Grand Duo », le « fameux » mouvement lent du Trio pour violon, violoncelle et piano n° 2, le bref Trio à cordes n° 1, et pour réunir tous les intervenants, l’Adagio et Rondo concertant pour piano et cordes.

Parlez-nous de ce « fameux mouvement lent »…

C’est une œuvre composée en 1827, un an seulement avant la mort de Schubert, à 31 ans. Ce mouvement a été grandement popularisé par le film Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick, qui avait choisi deux œuvres classiques très fortes pour la bande-son : la Sarabande de Haendel et ce mouvement lent extrait du Trio pour violon, violoncelle et piano n° 2. C’est une œuvre aussi splendide que fabuleuse, un mouvement d’une mélancolie poignante, que certains ont d’ailleurs rebaptisée le Trio « Barry Lyndon » (Rires). C’est peut-être l’œuvre que je regrette le plus de ne pas avoir jouée quand j’étais encore violoniste. J’ai opté pour l’alto à l’âge de 18-19 ans sans avoir jamais eu l’occasion de la jouer…

Mais vous jouerez dans le Trio à cordes n° 1

Oui, heureusement ! J’ai beaucoup d’affection pour ce « petit » Trio : petit car inachevé. Schubert a commencé un second mouvement mais s’est arrêté au bout de 40 mesures… Il nous reste le premier mouvement, un véritable petit bijou, délicat, ouvragé et teinté d’humour. C’est une friandise dans laquelle Schubert se montre au top de sa forme.

Avant de conclure sur un Adagio et Rondo fédérateur !

Nous nous retrouverons tous les quatre dans cette œuvre typique de l’ambiance « Hausmusik » (musique pour la maison) qu’affectionnait tant Schubert. À l’Adagio initial, poétique et contemplatif, succède un Rondo concertant dans lequel le piano tient la vedette. On y retrouve tout l’esprit et la splendeur de la Vienne du début du XIXe siècle, brillante et aristocratique !

Propos recueillis par Éric Mairlot


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