OPRL+ Arts vidéo : un voyage sensuel à Rome

respighi
L’Orchestre Philharmonique Royal de Liège s’associe à la Fura dels Baus pour un « concert augmenté » de la série OPRL+ : les arts vidéo et la musique symphonique unissent leurs forces expressives pour une Trilogie romaine multisensorielle, à la Salle Philharmonique de Liège, le samedi 28 mai à 20 heures 

De 1916 à 1928, Ottorino Respighi, ancien élève de Rimski-Korsakov, réalise avec Les fontaines de Rome, Les pins de Rome et Les fêtes romaines trois cartes postales sonores particulièrement suggestives de la Ville éternelle. Son projet s’inscrit dans l’optique d’une renaissance de la musique instrumentale, genre que l’Italie a longtemps négligé au profit de l’opéra. Si sa Trilogie romaine poursuit la tradition du poème symphonique de Liszt à Richard Strauss – une musique de forme libre dont le contenu s’inspire d’une histoire ou d’un texte littéraire –, elle va pourtant plus loin. Respighi ne se contente pas de raconter une histoire romaine à la façon d’un péplum de Cinecittà, il ne parcourt pas non plus la cité sur un mode académique, à la manière d’un tour-opérateur, mais imagine au contraire d’en restituer la douceur de vivre, le tourbillon des parfums, les variations de la lumière au fil du jour, dans le plus pur esprit impressionniste. Les atmosphères entêtantes de cette musique, immortalisée par le chef d’orchestre Arturo Toscanini (qui assura à lui seul la notoriété de ce triptyque), passent par le développement d’une fabuleuse palette sonore qui fait de Respighi l’un des plus talentueux orchestrateurs de tous les temps.

Captivé par le pouvoir de séduction irrésistible de cette musique, le prestigieux collectif catalan La Fura dels Baus s’est emparé de cette Trilogie romaine pour l’associer aux créations vidéo du cinéaste et photographe français Emmanuel Carlier (inventeur de l’effet « Bullet Time » dans le film Matrix). Ce dernier a choisi de situer les trois poèmes dans les rues et les places romaines où le compositeur a vécu à partir de 1913. Il en découle un son et lumière à la fois luxueux, sensuel et par moment psychédélique, basé sur un subtil jeu de correspondances entre le feu intérieur de l’homme et la matière (en l’occurrence la pierre, l’eau et le bois des pins). La caméra y convoque la peinture du Caravage, L’Énéide de Virgile ou encore le mythe d’Apollon et Daphné vu par Le Bernin…

Fondée en 1979, invitée sur les plus grandes scènes internationales pour ses spectacles multimédias qui ressortissent aussi bien au monde du théâtre et de l’opéra qu’à celui du cinéma et des méga-shows, La Fura sera pour la première fois à Liège.