Frankenstein : l'interview d'Emmanuel Guillaume

Emmanuel Guillaume

Avec Frankenstein, dans le cadre de L'orchestre à la portée des enfants le metteur en scène tente de comprendre le fonctionnement de l’humanité qui est en chacun d’entre nous. À voir les 11 et 12 mars à Liège et à Bruxelles, et le 20 mars à Namur.

On a tous entendu parler de Frankenstein mais il n’est peut-être pas inutile d’en rappeler l’histoire…

C’est un récit d’épouvante imaginé en 1816, à l’aube du Romantisme, par la romancière anglaise Mary Shelley (qui n’avait que 18 ans, à l’époque !) dans un roman intitulé Frankenstein ou le Prométhée moderne. C’est un ouvrage fantastique dans lequel le Docteur Frankenstein parvient à donner forme et vie à un monstre. C’est l’époque de la découverte de l’électricité et cette créature reçoit son influx vital de la foudre, d’où la similitude avec le mythe de Prométhée volant le feu aux dieux pour le donner aux hommes. Mais l’histoire se corse quand la créature, abandonnée par le Docteur, recherche la compagnie des hommes et se voit repoussée en raison de sa laideur…

Comment comptez-vous adapter cette histoire pour les enfants ?

Mon but est de partir de l’image que nous renvoie le regard des autres, de l’inclusion et de l’exclusion. Nous savons tous comment les enfants peuvent parfois stigmatiser leurs compagnons ; ils peuvent tour à tour défendre un camarade mais aussi l’accabler, le rejeter… Quant aux ados, ils sont sans cesse dans l’observation d’eux-mêmes, de l’image qu’ils envoient à leur entourage, pour se faire accepter par les autres, que ce soit au niveau des fringues, de la dégaine, de la coupe de cheveux, du succès sur les réseaux sociaux… Ce spectacle est pour moi l’occasion d’amener chacun à une réflexion sur les conséquences du regard que nous portons les uns sur les autres.

C’est donc une sorte de « conte » à voir en famille…

Oui, et dans les contes, vous savez que les enfants adorent avoir peur (rires). Plus sérieusement, au-delà de l’histoire, et sans être du tout un donneur de leçons, je voudrais que chacun, enfant, ado, adulte, en tire quelque chose avec sa propre grille de lecture. Qu’il se pose des questions, qu’il soit ému, mais qu’il rie aussi à certains moments, et qu’il réfléchisse à son niveau sur le vivre ensemble. Bien sûr, les deux comédiens pourront jouer plusieurs rôles à la fois. Il n’est pas impossible que je fasse appel à de grandes marionnettes ou à un mannequin, peut-être avec une voix enregistrée ; c’est toujours à l’étude…

 
Propos recueillis par Éric Mairlot