Classic Academy 2023 : L'interview de Sarah Bayens

Classic Academy 2023

La Classic Academy est de retour le dimanche 18 juin prochain, dans le cadre de la Fête de la musique. 4 candidats des différents conservatoires de la Belgique francophone vont concourir aux côtés de l'OPRL. Parmi eux, Sarah Bayens, étudiante en Master 2 au Conservatoire Royal de Bruxelles qui interprètera la 1re Rhapsodie de Bartók avec l'Orchestre. L’OPRL l’a rencontrée. Ouverture des réservations le mardi 30 mai, à 13 heures.


Quel a été votre parcours et quels sont vos projets ?

Je suis originaire de Turnhout. En 2006, mes parents m’ont inscrite à l’Académie de musique de cette ville. J’avais six ans et j’ai commencé à étudier le violon. J’y suis restée jusqu’en 2017. En parallèle, j’ai fait mes études secondaires en latin-grec. En septembre 2017, à 17 ans, j’ai été admise au Conservatoire de Bruxelles, dans la classe de Shirly Laub auprès de qui je termine actuellement mon Master 2. Après cela, si tout se passe bien, je compte poursuivre ma formation à l’étranger, auprès d’un pédagogue international. Je suis curieuse et veux garder autant de portes ouvertes que possible. Je réalise cependant que ce que j’aime dans la vie en ce moment, c’est de voir qu’aucun jour n’est semblable au précédent. L’idéal pour moi c’est d’avoir la possibilité de tenter beaucoup de formules à la fois : jouer en solo, faire de la musique de chambre, interpréter le répertoire d’orchestre. Une fois que je me serai confrontée à toutes ces expériences, je saurai quelle est ma voie.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir une musicienne professionnelle ?

D’habitude, je suis quelqu’un qui a du mal à faire des choix. Mais étudier le violon et m’y consacrer pleinement fut la décision la plus facile de ma vie. Elle était déjà prise un an avant mon entrée au Conservatoire de Bruxelles. En réalité, j’ai réalisé que je ne pouvais pas concevoir ma vie sans musique ou sans violon. Toute ma jeunesse, cet instrument a été un hobby parce que l’école restait ma priorité. Puis, à 16 ans, j’ai pris conscience que le violon était devenu l’élément majeur pour moi. Cela coulait de source. J’en ai pris mon parti.

Vous avez été récemment consacrée « Jeune musicienne de l’année 2022 » par l’Union de la presse musicale belge. Comment avez-vous reçu cette distinction ?

Je ne m’y attendais pas du tout. C’est évidemment un très grand honneur pour moi, cela signifie que beaucoup de personnes ont remarqué mon travail et mon engagement en 2022. C’est une belle reconnaissance. Ce prix ne m’a pas changée pour autant, il n’est pas un aboutissement car je sais qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Je dois avant tout terminer mes études et parfaire ma formation.

Pourquoi vous êtes-vous inscrite à la Classic Academy ?

Je me suis dit que ce serait une expérience enrichissante de jouer avec un véritable orchestre professionnel. C’est ce qui m’a motivée et cela malgré le fait d’avoir été informée de l’existence de cette Classic Academy, quelques semaines seulement avant la présélection. C’est mon professeur qui m’a avertie. 

Parlez-nous de l’œuvre que vous interpréterez le 18 juin avec l’OPRL. Pourquoi ce choix ?

Je ferai entendre la Rhapsodie pour violon n° 1 de Béla Bartók dans sa version avec orchestre. Non seulement parce qu’il s’agit d’une musique qui me tient énormément à cœur mais aussi parce que je souhaite présenter au public une œuvre intégrale, pas un mouvement de concerto. Initialement écrite pour violon et piano, en 1928, cette Rhapsodie a fait l’objet un an plus tard d’une adaptation pour violon et orchestre de la main même de Bartók. Cette version est très peu jouée, je ne l’ai d’ailleurs jamais entendue en concert. J’ai souhaité la présenter car j’ai pensé que ce serait peut-être quelque chose d’inédit pour le public et pour les musiciens de l’Orchestre. J’avoue aimer énormément cette pièce pour son incroyable mélange entre la musique populaire et l’écriture classique. Bartók y estompe les frontières entre les deux genres.

Est-il difficile de se lancer dans la vie professionnelle une fois que les études sont terminées ?

Étant toujours étudiante, je n’ai pas pu vivre encore par moi-même les difficultés qu’éprouvent certains jeunes diplômés à se lancer dans le métier. Toutefois, j’ai toujours eu des amis plus âgés et j’ai pu observer les obstacles qu’ils ont dû surmonter en me disant que je ne souhaitais pas connaître pareils écueils après mes études. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai pris très tôt les devants. Je mène depuis quelques temps plusieurs projets de front : étant curieuse, je prends des initiatives pour réaliser beaucoup de choses à la fois, je sais quelles sont les démarches à entamer... Et cela s’avère positif. Malgré les études, je me rends compte que tout commence à se mettre en place. Je réalise aussi que dès que les demandes de concerts se confirment, dès que l’on a pris goût à la scène, l’envie reprend le dessus. Il faut néanmoins se lancer progressivement afin de ne pas se brûler les ailes...

Comment les jeunes de votre âge perçoivent-ils le fait que vous vous intéressiez à la musique classique ?

Pour les jeunes non musiciens de mon âge, cela semble un monde très différent. Mes amis non-musiciens sont impressionnés car ils ne connaissent pas ce milieu et il leur est parfois difficile de comprendre pourquoi je dois travailler chaque jour mon instrument aussi longtemps et seule. Je m’efforce en tout cas de leur faire découvrir l’univers de la musique classique qui est tellement riche et varié. Je fais valoir mes activités sur ma page FB ou via mon site web.


Propos recueillis par Stéphane DADO


GRATUIT. Ouverture des réservations le mardi 30 mai, à 13 heures.


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