« Beethoven propose toujours quelque chose de nouveau et d’universel ! » 

Gergely Madaras

INTERVIEW. La série « Chez Gergely » reprend le dimanche 18 octobre, à 13h30 et 16h avec la célébrissime 5e Symphonie de Beethoven. Gergely Madaras donne sa vision de l’œuvre !

 

Interpréter une œuvre aussi « universelle » que la 5e Symphonie de Beethoven, n’est-ce pas une gageure pour un jeune chef d’aujourd’hui ?
Ce n’est certes pas une chose simple de se mesurer à cette symphonie car tout un chacun a une opinion sur la manière de l’interpréter. Dès lors, mon optique, en tant qu’artiste, ne consiste pas à proposer quelque chose de nouveau mais à démontrer combien cette musique a gardé sa fraîcheur, combien elle reste surprenante et contemporaine dans sa manière de sonner, quand bien même nous l’avons tous entendue à de multiples reprises. Il ne faut en tout cas pas faire de cette œuvre la résultante de théories romantiques : je ne vois pas dans cette musique la manifestation du Destin ou toute autre interprétation… La partition n’a pas besoin d’histoires pour être comprise, elle se suffit à elle-même par la force de son écriture.  

Il est essentiel aussi de montrer que Beethoven compose toujours avec l’idée de proposer quelque chose de nouveau et d’universel : tout le monde reconnaît les 4 notes du premier mouvement de la Cinquième, elles ont tellement imprégné notre quotidien que nous les retrouvons aussi bien sur notre téléphone, comme sonnerie de parlophone ou dans la publicité...  

Quel moment de l’œuvre préférez-vous ?
Mon moment préféré, ce sont les mesures de transition entre le 3e et le 4e mouvements. Beethoven part d’une petite cellule qui grandit et grandit encore, avant de parvenir à un déluge sonore. C’est la première fois qu’un orchestre explose de cette manière et qu’un son collectif paraît avec une telle force. L’orchestration joue aussi sur le choc des extrêmes avec une confrontation entre le piccolo (l’instrument le plus aigu de l’orchestre) et le contrebasson (l’instrument le plus grave). Dans le quatrième mouvement apparaît, pour la première fois dans une composition symphonique, le trombone, normalement utilisé dans la musique d’église ou à l’opéra. Toutes ces nouveautés sont incroyables de la part d’un homme sourd. C’est peut-être la provocation d’un homme qui a perdu l’ouïe et qui compense le fait de ne plus pouvoir entendre. Si l’on veut montrer le génie de Beethoven, c’est l’œuvre idéale à programmer.

Que représente Beethoven dans votre panthéon musical personnel ?
Pour moi, Beethoven est aussi indispensable que la laitue dans une salade (rires), il est notre pain quotidien et notre sel en cuisine. Il est plus facile pour moi de compter dans son catalogue le nombre de pièces que je n’aime pas que celles qui me sont chères.

Pourquoi avoir programmé Le testament de Heiligenstadt de Chédrine en ouverture de concert ?
C’est très facile de faire un concert tout Beethoven. Mais il me paraissait plus intéressant de montrer son influence sur les compositeurs de la postérité car personne n’a pu échapper à son emprise ; quiconque affirme le contraire se trompe immanquablement. Pour ma part, j’ai souhaité montrer son influence sur le compositeur russe Rodion Chédrine, un artiste toujours vivant. Même s’il est d’une autre époque, d’une autre culture, d’un autre pays, il a réussi à assimiler le langage de Beethoven pour en faire quelque chose de durable et d’éternel...  

Propos recueillis par Stéphane Dado
 

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