Renaud Capuçon galvanise la chaleur germanique de l’OPRL
Serge Martin accompagnait l’OPRL et Renaud Capuçon, à Aix-en-Provence (le 23 octobre), d’où il est revenu manifestement conquis par l’intensité et la justesse de leur interprétation, comme l’atteste sa critique dans Crescendo.
"Ce premier concert de Renaud Capuçon à la tête de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège était une aventure en soi. Trois axes différents en composaient en effet le programme. Le classicisme aérien du Concerto n°4 de Mozart dirigé de son violon était tout sauf une rencontre de routine. Un peu carré dans le premier mouvement, l’orchestre s’abandonne ensuite dans le sillage chaleureux du lyrisme du violoniste français dans l’andante cantabile.
Avant cela, c’est le chef Capuçon qui dirigeait la création mondiale de La nuit n’est jamais complète de Camille Pépin dont le Grand Théâtre de Provence était le commanditaire principal et l’OPRL le co-commanditaire. Le lecteur pourra se reporter sur l’analyse de l’œuvre et l’interview de la compositrice réalisés lors des répétitions liégeoises. En concert dans l’immense véhicule du Grand Théâtre de Provence, la partition s’élargit encore et permet une lisibilité plus chatoyante de l’écriture instrumentale, soulignant maintes interventions solistes des vents et des percussions au milieu d’un matériau orchestrale en frémissement constant. La partition y gagne une continuité suggestive qui fait mouche chez l’auditeur qui ne peut cacher son plaisir face à une proposition orchestrale à la fois concentrée et variée où la motricité de sa force répétitive maintient un tonus permanent.
La seconde partie du concert nous amène au dernier romantisme allemand où Renaud Capuçon récupère chaleureusement toute la tradition germanique de l’OPRL. Le jeu d’échange des phrases mélodiques baigne le Siegfried-Idyll dans une atmosphère dense et voluptueuse. Cette verdeur instrumentale peut alors se déployer dans les fastes ensorceleurs de l’écriture orchestrale de Richard Strauss dans sa suite d’Intermezzo qui réunit les quatre interludes orchestraux de l’opéra-scène de ménage du compositeur bavarois. L’esprit robuste des valses à la Rosenkavalier côtoie de subtils échanges amoureux ou de savoureux persiflages. Très rarement donnée en concert, cette suite haute en couleurs sera pour beaucoup de mélomanes une découverte. Capuçon et un OPRL déchaîné ont su y susciter un envoutement revigorant. Ce même programme est repris à la Salle Philharmonique ce samedi 25 octobre."
Par Serge Martin pour Crecendo Magazine
Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence, 23 octobre 2025
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Photo : copyright Claire Gaby pour Les Théâtres
