Pierre Solot : « Il y a toujours de l’inattendu, aussi bien quand on conçoit les programmes que le jour J ».

Présentateur des Music Factory pour la cinquième saison, Pierre Solot partage avec nous l’esprit de la série, et les thèmes choisis pour 25-26.
Qu’est-ce qui fait, selon vous, la spécificité des Music Factory ?
La base de tout, c’est la belle musique ! Cela reste avant tout un concert. Tout le monde connaît le principe : un thème, un peu de mystère sur le programme proposé, de l’humour, et surtout de la complicité avec les musiciens et le public. C’est toujours avec joie que je retrouve ces visages qui s’interrogent : « que va-t-il bien pouvoir raconter cette fois ? » !
Comment choisissez-vous les thèmes ?
On se laisse beaucoup de libertés. Il y a toujours de l’inattendu, aussi bien quand on conçoit les programmes que le jour J. Ce côté mouvant est très réjouissant. Au début, je cherchais des idées tout seul, et maintenant, l’équipe s’est élargie et des tas d’idées fusent sans cesse ! C’est assez emblématique de l’esprit de l’OPRL.
Il n’y a donc pas de « recette miracle » pour expliquer le succès de la série auprès de publics aussi variés ?
Oh, non ! Rien n’est calculé, si ce n’est l’envie sincère que tous les publics s’y retrouvent. Nous sommes ravis de voir que le public nous suit et que nous commençons cette saison avec 8 concerts au lieu de 4. Des dates s’ouvrent en effet plus tard pour permettre aux nouveaux venus de trouver aussi de bonnes places.
La sincérité du projet, c’est quelque chose qui touche le public ?
Je suis persuadé que quelque chose se joue quand nous brisons cette distance entre la scène et le public. Un regard peut suffire, et aux Music Factory, ce n’est pas seulement le mien, ce sont aussi ceux des musiciens et de la salle tout entière. Cela nous rappelle que sans le spectateur, rien ne serait possible.]
En octobre, vous abordez le thème de la folie avec « De ouf ». De quoi nous parlerez-vous ?
Il y aura deux volets : quand la musique génère la folie, et vice versa. La musique répétitive a un impact à la fois esthétique et physique, que ce soit pour l’interprète ou l’auditeur. À l’inverse, une altération du psychique du créateur peut générer des compositions surprenantes.
En janvier, « Nom de Zeus » : une plongée dans la mythologie ?
Oui bien sûr, ce sera la séance où je pourrai raconter des tas d’histoires, mais pas que… Nos musiques raconteront elles aussi des histoires, par leur écriture même. J’explorerai des récits antiques complètement dingues, qui ont largement inspirés les compositeurs. Nous voyagerons du Coriolan de Beethoven à des musiques de films actuelles.
« What the Fake !?» Quel est ce thème audacieux ?
Ce sera amusant d’interroger la notion de plagiat. On aura de l’explosif, avec des compositeurs qui ont emprunté sans vergogne auprès de leurs voisins, mais aussi des histoires moins scandaleuses, venues d’une époque où les compositeurs se copiaient sans que cela ne pose de problème. Enfin, je pense qu’aujourd’hui on ne peut pas faire l’économie de questionnements sur l’IA, le vrai et le faux… et nous le ferons en musique.
Enfin, la saison se termine avec « C’est composé près de chez vous »...
Les Belges sont, de loin, le peuple le moins nationaliste que je connaisse ! Alors, d’accord, la Belgique a moins de 200 ans, mais comment ne pas être fiers de la multitude d’artistes talentueux que compte notre pays, et Liège en particulier ! Ce sera l’occasion de remédier à cela, et pour interpréter ce répertoire, quoi de mieux qu’un orchestre dont l’histoire et la renommée y sont intimement liées !
Propos recueillis par Séverine Meers