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Le courant Modern Classical fait son entrée à l'OPRL avec « Exiles » de Max Richter

Max Richter

L’OPRL a choisi de proposer, dès sa saison 25-26, une nouvelle série de concerts dédiée à la musique des « Nouveaux classiques » (ou Modern Classical), afin de ne pas passer à côté d’un courant artistique majeur, désormais pleinement inscrit dans le paysage musical contemporain. 

Né dans les années 1970, ce mouvement revisite le langage classique et les instruments de l’orchestre — avec un rôle souvent central accordé au piano (ou aux claviers) — tout en y mêlant des influences venues de la musique ambient, électronique, minimaliste ou expérimentale. 

L’écriture, souvent introspective et épurée, s’ancre dans l’émotion, le silence et la lenteur. Le Modern Classical répond à un besoin très actuel : ralentir, écouter, ressentir. C’est une musique avant tout instrumentale et contemplative, qui joue sur la richesse des textures sonores, la répétition rythmique ou mélodique, et offre une expérience intime, entre tradition et modernité, entre composition savante, simplicité expressive et accessibilité sensorielle. On y entend l’héritage de Philip Glass et Steve Reich, figures du minimalisme américain, mais aussi celui d’Erik Satie, Arvo Pärt ou Brian Eno.

Une œuvre inspirée par les migrations de notre époque

Parmi les compositeurs les plus emblématiques du genre figurent Jóhann Jóhannsson, Ludovico Einaudi, Nils Frahm, et évidemment Max Richter, dont l’extraordinaire Exiles ouvre la nouvelle série de l’OPRL. Ballet composé pour le Nederlands Dans Theater, cette œuvre profondément engagée s’inspire des migrations forcées et des crises humanitaires de notre époque. Sur un motif répétitif initié au piano, la pièce évolue lentement vers un climax bouleversant, à travers des textures orchestrales variées de plus en plus riches ; elles symbolisent la marche des exilés, la quête d’un refuge, l’espoir en un avenir meilleur...

Le chef estonien-américain Kristjan Järvi, qui a enregistré Exiles chez Deutsche Grammophon en 2019, rend hommage à l’œuvre du grand compositeur (qui ne sera pas présent à Liège !) et fait dialoguer cette musique poignante avec d’autres œuvres de Richter et avec ses propres compositions. Il y déploie toute sa capacité à briser les frontières musicales et à explorer, aux côtés des musiciens de l’OPRL, de nouveaux territoires sonores. 

Echo Collective et Elori Saxl

Au cours de la saison 25-26, la série « Nouveaux classiques » poursuivra son exploration des ensembles et compositeurs qui réinventent la musique classique, avec deux concerts particulièrement attendus.

Le samedi 15 novembre à 20 heures, l’OPRL accueillera l’ensemble Echo Collective, fondé en 2012, qui allie la rigueur de la formation classique du Conservatoire de Bruxelles aux influences des musiques contemporaines. Le groupe fera découvrir les paysages sonores hypnotiques de son album Mirror Image (2024), tout en rendant hommage à la mélancolie du regretté Jóhann Jóhannsson à travers une suite inspirée du peintre abstrait allemand Thilo Heinzmann (12 Conversations, 2019, Deutsche Grammophon).

Plus tard dans la saison, le samedi 31 janvier à 20 heures, la compositrice new-yorkaise Elori Saxl, installée à Brooklyn, investira la Salle Philharmonique avec son univers unique, à la croisée du minimalisme et du jazz, revisité sous une perspective classique inédite. Son langage sonore et mélodique singulier illustre parfaitement l’esprit de la série « Nouveaux classiques ».