Interview

Classic Academy 2025 : Rencontre avec Théodore Kim

Théodore Kim violon

Originaire de Wavre, étudiant en bachelier 3 à l’IMEP (Namur), Théodore Kim (21 ans) interprète Introduction et Rondo capriccioso de Saint-Saëns avec l’OPRL. Nous l’avons rencontré.

 Pourriez-vous nous présenter brièvement votre parcours ? 

Je suis né en 2004 d’un père scientifique belgo-coréen et d’une mère coréenne adoptée en Belgique, et devenue traductrice. Mes parents ne sont pas musiciens. Quand j’étais en maternelle, quelqu’un est venu nous présenter des instruments de musique et j’ai été attiré aussitôt par le violon. Après six mois d’attente pour trouver un professeur, j’ai finalement commencé la méthode Suzuki à six ans avec Bernadette Jansen. De mes sept ans à mes neuf ans, toute ma famille est partie vivre en Corée pour que je puisse apprendre la culture et la langue coréennes. Après notre retour en Belgique, lors d’un stage d’été à Dinant, l’épouse de Daniel Rubenstein, avec qui je faisais de la musique de chambre, m’a conseillé de rencontrer Igor Tkatchouk. Avec lui, j’ai d’abord travaillé en privé dès l’âge de neuf ans, puis à l’IMEP, en filière Jeunes talents, dès l’âge de 13 ans. Toutefois, comme Igor était très occupé, mes cours n’étaient pas assez réguliers. Avec son accord, mes parents m’ont inscrit en parallèle au Conservatoire de Maastricht, dans la classe de Piotr Jasiurkowski. Igor m’a donné les bases techniques, tandis qu’avec Piotr, j’ai pu travailler dans la régularité. Ils ont des approches musicales différentes, mais la même philosophie : « Peu importe la manière, si ce que tu joues sonne bien et que c’est convaincant, c’est bon ! ». Je suis actuellement en bachelier 3 à Maastricht et en bachelier 2 à Namur. J’ai une sœur plus jeune, qui pratique le piano mais ne veut pas en faire son métier.

 Avez-vous déjà participé à d'autres concours ? 

Oh oui, sans doute près d’une vingtaine. Igor Tkatchouk pousse ses élèves à participer très jeunes à des concours nationaux et internationaux. Ce qui est formidable, c’est qu’il part avec ses élèves pour les coacher sur place. Cela aide beaucoup à avoir un objectif, à s’habituer à la scène, à persévérer (même si le résultat n’est pas aussi bon qu’espéré), à se faire confiance, à se défier… Il y a toujours du positif à en retirer. Je me souviens d’un concours en Italie, qui organisait des concerts également pour les candidats « non gagnants », ce qui était très positif et valorisant. Parallèlement, Igor donne beaucoup de masterclasses pendant les vacances en Bretagne, en Grèce, en Turquie… Cela favorise un apprentissage dans la bonne humeur, allié à la détente.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir musicien professionnel ? 

Ce n’est pas une voie facile, mais elle s’est imposée à moi. En humanités, je ne me voyais pas entreprendre une autre carrière. Ce qui est très gratifiant en musique, c’est qu’on récolte tout de suite le fruit de son travail. Je joue toujours avec plaisir et cela me permet de nouer des relations avec énormément de personnes, ce qui est très enrichissant.

Pourquoi vous êtes-vous inscrit à la Classic Academy ?

Igor me l’a proposé car c’est une opportunité en or de jouer avec orchestre, et en l’occurrence avec un orchestre professionnel de haut niveau !

Est-ce la première fois que vous jouez en soliste avec orchestre ? Que vous apporte cette expérience, sur le plan artistique et humain ? 

J’ai joué les deux derniers mouvements du Concerto n° 2 de Mendelssohn, pour un projet avec orchestre aux Pays-Bas, mais il ne s’agissait pas d’un concours. La plupart du temps, je joue évidemment avec un accompagnement de piano. Pour la Classic Academy, je suis curieux de voir quelle relation je pourrai établir avec le chef d’orchestre et comment je pourrai communiquer avec les musiciens de l’Orchestre. Étant membre de trois quatuors à cordes et d’un trio avec piano, j’ai déjà une bonne expérience de l’écoute mutuelle, mais la différence avec un orchestre, c’est qu’on n’a pas beaucoup de répétitions (rire).

 Parlez-nous de l’œuvre que vous interpréterez le 22 juin avec l’OPRL… 

J’ai choisi Introduction et Rondo capriccioso de Saint-Saëns car c’est une pièce virtuose qui plaît directement. Elle a été composée pour le grand violoniste espagnol Pablo de Sarasate. Elle permet de montrer beaucoup de choses tant sur le plan technique que sur celui de la musicalité. C’est une pièce en forme de danse, très élégante et qui a beaucoup de caractère. Je l’ai beaucoup jouée, mais jamais avec orchestre.

Comment voyez-vous votre avenir professionnel ? 

Dans un premier temps, je compte surtout préparer d’autres concours. C’est le moment de poursuivre dans cette voie ; je suis confiant, ça marche bien. À terme, je suis surtout attiré par une carrière de soliste ou de chambriste. J’aime aussi beaucoup le contact avec les élèves et je me vois bien enseigner.

 Quels sont vos hobbies ? 

J’aime beaucoup les sports de raquette. J’ai beaucoup pratiqué le badminton et le ping-pong (le tennis étant déconseillé). J’en pratique encore occasionnellement, mais plus en club. J’aime aussi l’escalade de blocs de faible hauteur, sans corde.

DU TAC AU TAC 

Une œuvre que vous rêvez d’interpréter ? 

Le Concerto n° 1  de Wieniawski. C’est mon préféré, il est tellement beau, du début à la fin.

La rencontre la plus marquante de votre parcours musical ? 

Igor Tkatchouk. Sans lui, je n’aurais pas cette passion pour le violon et pour la vie en général. J’ai des souvenirs incroyables avec lui. Il est si présent pour ses élèves. Je l’admire beaucoup.

Une salle de concert où vous rêvez de jouer ? 

Le Carnegie Hall de New York, une salle mythique !

Quel autre instrument auriez-vous aimé pratiquer ? 

J’ai suivi un cursus complet de piano à l’Académie, ce qui est très utile pour percevoir la polyphonie et avoir une vue d’ensemble. Je conseillerais cet instrument à tous les musiciens. Ceci dit, j’aime aussi beaucoup le violoncelle, que j’aurais pu pratiquer avec beaucoup de plaisir.

Un livre que vous recommanderiez sans hésiter ? 

Je ne suis pas un grand lecteur ; je dois toujours me forcer pour commencer un livre (rire). Quand j’étais en humanités, j’ai beaucoup aimé Les Mains sales de Sartre, qui pose la question : peut-on faire de la politique sans se salir les mains ? Pour le moment, je lis La Ferme des Animaux de George Orwell, une satire de la révolution russe et du régime stalinien.

Le jingle publicitaire que vous ne supportez pas ? 

Difficile de répondre… Je suis fort à l’abri des pubs car je ne regarde pas la télé.

 

Propos recueillis par Éric MAIRLOT