Classic Academy 2025 : Rencontre avec Leon Wenzel

Originaire de Kassel (Allemagne), étudiant en master au Conservatoire Royal de Bruxelles, Leon Wenzel (27 ans) interprète le 1er mouvement du Concerto pour piano n° 3 de Rachmaninov avec l’OPRL, sous la direction de Swann Van Rechem. Nous l’avons rencontré.
Pourriez-vous nous présenter brièvement votre parcours ?
J’ai commencé à 8-9 ans à l’académie de Kassel, ma ville natale (Allemagne), avec un pédagogue de « l’école » russe, Alexander Weht. Il m’a vraiment motivé pour la musique et la culture en général ; il a enflammé mon enthousiasme et m’a poussé à passer l’examen d’entrée dans un « pré-college », pour les jeunes talents, la Hochschule für Musik de Hanovre. Pendant six ans, parallèlement à l’école, j’y ai étudié le piano avec Roland Krüger. Cela a été une période décisive pour mon avenir car j’ai eu accès à la meilleure éducation musicale, à un âge encore assez jeune.
Ensuite j’ai passé mon bachelier à la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin, avec Konrad Engel, que j’avais déjà rencontré à Hanovre. Avec lui, l’approche pédagogique était beaucoup plus directive ; cela a été un défi important pour moi, artistiquement et psychologiquement, car j’avais grandi jusque-là dans une atmosphère d’encouragement à développer mes propres idées, et pas très stricte... Cela a été une expérience nouvelle et enrichissante, et bien sûr, une chance formidable de vivre dans ce paradis culturel qu’est Berlin, pendant cinq ans.
Je suis arrivé en Belgique à l’automne 2022, car je voulais étudier avec Gabriel Teclu pour mon master, sur le conseil d’un ami. C’était aussi l’occasion de quitter l’Allemagne, de découvrir d’autres systèmes d’enseignement, d’élargir mes horizons. J’étudie toujours aujourd’hui avec Gabriel Teclu au Conservatoire Royal de Bruxelles.
Avez-vous déjà participé à d'autres concours ?
Oui, depuis mes 12-13 ans, j’ai assez régulièrement participé à des concours nationaux et internationaux destinés aux jeunes, puis à partir de 17 ans, à des concours pour adultes, en Italie, France, aux Pays-Bas et en Allemagne.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir musicien professionnel ?
Je reviens à l’éducation fondamentale reçue de mon premier professeur de piano : c’est vraiment lui qui a réussi à faire naitre en moi cet amour pour la musique, pour le piano ; j’ai aussi remarqué très tôt que cela me procure énormément de plaisir, et une sensation très singulière, de partager la musique avec d’autres personnes, en jouant en public, sur scène. Cela n’a jamais changé, au contraire c’est un sentiment de plus en plus profond au fil des années.
Pourquoi vous êtes-vous inscrit à la Classic Academy ?
C’est mon professeur M. Teclu qui m’en a parlé : on ne peut pas s’inscrire soi-même, les conservatoires font d’abord une sélection de candidats en interne, pour passer la première audition. Quand on m’a dit que j’étais choisi pour me présenter, j’ai été très content : c’est une magnifique opportunité, une chance unique de jouer avec un orchestre professionnel, de vraie renommée internationale. Les jeunes solistes peuvent facilement jouer en récital, en concours, en musique de chambre… Mais jouer avec de bons orchestres, c’est la plus luxueuse des chances. Je n’ai pas eu à réfléchir !
Est-ce la première fois que vous jouez en soliste avec orchestre ? Que vous apporte cette expérience, sur le plan artistique et humain ?
Non, j’ai joué plusieurs fois avec des orchestres en Allemagne. Mais je peux sans doute dire, connaissant les enregistrements de l’OPRL, et même si nous ne nous sommes pas encore rencontrés, que c’est sans doute le plus professionnel ou le plus renommé.
Parlez-nous de l’œuvre que vous interpréterez le 22 juin avec l’OPRL…
Le Troisième Concerto de Rachmaninov est une œuvre monumentale, un grand récit. Rachmaninov exploite ici toutes les possibilités de l'instrument et tire de l'orchestre les couleurs les plus diverses, créant ainsi un panorama grandiose. Cette musique est incroyablement généreuse, imprégnée de passions et s'étend sur des horizons aussi vastes que le paysage russe. Je considère ici l'orchestre comme une grande source d'inspiration pour de longues excursions au piano et, parfois, comme un puissant contrepoint auquel il faut se mesurer. Cette musique me fait vibrer rien qu'en l'écoutant et je me réjouis beaucoup de la faire vivre avec l’OPRL !
Comment voyez-vous votre avenir professionnel ?
Il y a deux manières de voir : l’idéal utopiste, et le réalisme. L’idéal, et il faut le garder le plus longtemps possible, c’est de jouer sur scène, et de partager sa passion avec d’autres, de donner le plus de concerts possibles, en diverses formations, y compris en récital. À côté de cela, je suis aussi très intéressé par l’enseignement, qui peut offrir un bon complément à une vie de concertiste et permettre de gagner sa vie.
Quels sont vos hobbies ?
La culture en général me passionne ; j’adore la littérature, les arts, les rencontres, les langues. Mes goûts sont plutôt un peu « old school » : littérature ancienne, classique, poésie, et dans l’art pictural, la Renaissance, l’impressionnisme, l’expressionnisme… Même si je suis aussi curieux et ouvert aux créations plus contemporaines.
Dans mon quotidien, le sport est très important pour mon équilibre : je cours, je fais du vélo, je voyage… Tout cela dans la mesure du possible, car le temps est limité !
DU TAC AU TAC
Une œuvre que vous rêvez d’interpréter ?
… je suis plutôt sur la spontanéité et la surprise, je ne peux pas vous donner une réponse précise…
La rencontre la plus marquante de votre parcours musical ?
Mon tout premier professeur, Alexander Weht, qui fut la base de tout : c’est lui qui m’a nourri de cette énergie fondamentale, qui a fait naître tout ce qui a suivi.
Une salle de concert où vous rêvez de jouer ?
La Philharmonie de Berlin : j’adore le bâtiment, son architecture, l’acoustique… Je rêverais d’y jouer un jour, même simplement dans la petite salle de musique de chambre !
Quel autre instrument auriez-vous aimé pratiquer ?
Je ne sais pas si j’en serais capable, mais plutôt un instrument à cordes : violon, alto ou violoncelle.
Un livre que vous recommanderiez sans hésiter ?
Très facile : je lis beaucoup au sujet de la musique, et il y a un livre auquel je reviens depuis toujours : L’art du piano de Heinrich Neuhaus.
Le jingle publicitaire que vous ne supportez pas ?
Je suis très peu sur la radio, le web ou les réseaux sociaux… je ne suis pas très exposé à la publicité en général.
Propos recueillis par Séverine MEERS