Chostakovitch 8 : le poids de l’Histoire, la force de la musique

Chostakovitch 8

Le 6 novembre à Liège, le 7  à Namur, Stanislav Kochanovsky fait vibrer la Huitième de Chostakovitch et le sublime Concerto pour violon n° 1 de Prokofiev, avec Lorenzo Gatto.


Monumentale et bouleversante, la Huitième Symphonie de Chostakovitch compte parmi ses trois symphonies dites « de guerre », aux côtés de la Septième et de la Neuvième, et s’impose comme l’une des œuvres les plus intenses du répertoire symphonique du XXe siècle. Composée en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale, elle ne cherche ni l’héroïsme facile ni les accents triomphants. À rebours des attentes des autorités soviétiques de l’époque — qui espéraient un hymne glorifiant la résistance de Stalingrad —, Chostakovitch signe une partition sombre, grave, d’une force expressive saisissante. Elle est le cri lucide d’un homme témoin d’un monde ravagé par la violence et la terreur. Sans suivre de programme narratif explicite, elle évoque pourtant les horreurs de la guerre, la douleur collective, mais aussi un combat intérieur, fait de résignation, de tension, de silence. La musique devient alors langage de mémoire et de vérité. Le style de Chostakovitch s’y déploie dans toute sa complexité : puissance orchestrale brute, textures âpres, crescendos terribles rappelant les fracas des combats, mais aussi dépouillement, élans d’ironie noire, et une incroyable capacité à maintenir l’auditeur en haleine.

Accueillie avec froideur par le régime stalinien, qui la jugea « trop pessimiste », cette œuvre imposante fut longtemps mise à l’écart. Pourtant, malgré ses sarcasmes, ses désespoirs et ses éclats violents, qui maintiennent la tension jusqu’au dernier instant, la symphonie s’achève sur un dénouement porteur d’espoir et de renouveau. Elle est aujourd’hui reconnue comme l’une des pages les plus émouvantes du compositeur russe.

L’OPRL interprétera cette œuvre sous la direction du jeune chef russe Stanislav Kochanovsky, originaire de Saint-Pétersbourg, fin connaisseur de l’univers de Chostakovitch ainsi que de ses contemporains Miaskovski et Weinberg. Il sera rejoint par le violoniste Lorenzo Gatto, dont la carrière s’est affirmée depuis son 2e Prix au Concours Reine Elisabeth en 2009, pour interpréter le bouleversant Premier Concerto (1923) de Prokofiev — une œuvre d’une intensité saisissante, où se mêlent avec brio lyrisme profond et ironie mordante.