Rencontre avec Éric Gerstmans

Gerstmans

L’altiste et compositeur Éric Gerstmans rend hommage à Jean-Pierre Catoul à travers une œuvre qui incite à danser… À découvrir le dimanche 31 octobre, à 16 heures, sous l'archet de Ralph Szigeti et la baguette de Gergely Madaras.

 

Comment est né ce projet de Ralphsodie ?

De la conjonction de plusieurs facteurs. Cette année marque le 20e anniversaire de la disparition, dans un accident de la route, du violoniste hutois Jean-Pierre Catoul (1963-2001), un musicien extraordinaire qui a beaucoup compté pour moi. C’est lui qui m’a permis d’aborder le jazz, le rock, la chanson française et d’entrer notamment dans le quatuor de William Sheller. J’avais envie de lui rendre hommage en écrivant une œuvre concertante pour mon collègue et chef de pupitre Ralph Szigeti, avec qui j’ai beaucoup de complicité (nous avons le même type d’humour au 2e ou au 3e degré, la même fantaisie). C’est aussi pour moi l’occasion de partir en beauté puisque cette saison 2021-2022 sera la dernière de ma carrière à l’OPRL.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur l’œuvre ?

Ralphsodie s’articule en quatre mouvements auxquels je n’avais pas envie de donner de nom car l’atmosphère et le caractère de chaque mouvement se modifient constamment. Une partie du matériau musical provient du Concertino pour violon (électrique) que j’avais écrit pour Jean-Pierre Catoul, mais celui-ci comportait beaucoup de schémas d’improvisation qui n’étaient pas exploitables par des musiciens « classiques » ; j’ai donc tout écrit. C’est une partition qui concentre en elle tout ce que j’aime en musique : le swing inspiré du jazz, un côté funky inspiré de la soul, et des rythmes latinos. Comme pour le Concertino, l’œuvre s’adresse à un orchestre à cordes (avec contrebasse amplifiée, en pizzicato), enrichi d’une harpe électrique et de percussions. L’alto solo sera lui-même amplifié pour que chacun puisse un peu « s’éclater ».

Il y aura aussi de la voix parlée…

Oui, j’avais envie que le soliste prenne la parole à travers du « chant parlé », un peu à la manière de Ferré, Bashung ou Gainsbourg. Le texte est du rockeur belge Renaud Mayeur. Il est assez bref et intervient dans les 1er et 4e mouvements. Ces derniers tiennent plus du délire rock’n roll, tandis que le 2e mouvement est plus lyrique. Quant au 3e mouvement, il s’inspire du folk irlandais (à la demande de Ralph, qui se voit dédier sa première œuvre concertante). Certains musiciens de l’orchestre peuvent aussi intervenir vocalement. L’orchestre est conçu comme un big band où les cordes sonnent parfois comme des cuivres. La musique est d’apparence improvisée mais la pulsation rythmique y tient une grande place. C’est une pièce au fond assez groove, qui incite à bouger, à danser.

Nous vous retrouverons encore le 26 avril…

Exactement, cette fois au sein du Quatuor Héliotrope pour un concert Happy Hour ! où se mêleront le classique, la samba, la jazz et l’humour… en dialogue avec le kanoun, une sorte de cithare typique des cultures arabes, servie par le talent de Selma et Jalil El Yazidi.

Propos recueillis par Éric Mairlot

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